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Du rejet de mauvaises conditions de travail à l’éco-innovation
lundi 5 janvier 2015, par
Les enjeux économiques, sociaux et environnementaux auxquels les acteurs ont à faire face peuvent de moins en moins être traités séparément dans le concret d’une activité précise. Les éléments techniques et organisationnels des réponses à apporter sont de plus en plus intriqués. De là, découle la justification d’une conception de plus en plus intégrée et amont à la fois des produits eux même, de leurs processus de fabrication et jusqu’à leur recyclage en fin de vie. La notion d’éco-innovation regroupe toutes les phases précédemment décrites. C’est bien ce à quoi certaines entreprises ont abouti par étapes successives.
Le sport de glisse en mer est devenu le symbole de valeurs (à telle enseigne qu’une école s’est donné pour objectif d’en enseigner les « vraies valeurs ») : liberté, amitié, respect et protection de la nature, santé, etc. Le surf est aussi l’emblème d’activités économiques qui utilisent son image et ses valeurs pour leur promotion. Elles représentent 11 milliards de dollars par an au plan mondial. Le chiffre d’affaire de la fabrication des planches de surf, n’est lui que de 11 % avec 1,25 milliard. Alors, quand trois ingénieurs pratiquant le surf prennent conscience du contraste entre cette image et la réalité d’une fabrication particulièrement dangereuse pour la santé des travailleurs et nocive pour l’environnement, cela les pousse au dépassement pour développer un mode de fabrication durable et plus conforme aux valeurs véhiculées par ce sport.
Entreprise Notox à Anglet, Pyrénées Atlantiques
Au départ, la révélation qu’un des plus gros fabricants de matières premières pour les planches de surf aux Etats-Unis venait de fermer ses portes pour des raisons environnementales mais aussi pour des raisons de santé car ses employés contractaient des maladies. La réaction de cette industrie a été de disséminer et morceler la production dans divers pays du monde où les problématiques environnementales et sanitaires étaient bien moins gênantes : Chine, Brésil, Thaïlande, Afrique du Sud, etc.
La découverte des conditions de travail chez les artisans locaux qui fabriquaient des planches n’a pas été moins surprenante. Dans des ateliers vaguement équipés, toutes les étapes de la fabrication mettent en œuvre des produits et des processus particulièrement toxiques et dangereux pour la santé et nocif pour l’environnement : résines synthétiques, puissants solvants, poussières de fibres extrêmement fines, etc.
Les trois ont quitté leur poste, accepté un moindre revenu et créé un atelier entièrement équipé aux normes d’hygiène, de santé, de sécurité et d’élimination des déchets en liaison avec la médecine du travail, les syndicats de gestion des déchets, etc. : le « Lab ». Les coûts élevés de ces équipements les ont conduits à une optique de mutualisation en proposant l’utilisation du Lab aux divers artisans locaux, leur permettant de communiquer sur leurs conditions de travail et de se différencier de la concurrence asiatique.
L’étape suivante les a conduits à une évaluation environnementale de la production des planches en partant de la production de déchets. Là encore le constat a été extrêmement négatif : matières premières venant de toutes les régions du monde, parcourant des milliers de km, produits composites impossibles à recycler (une planche de surf de 3 kg génère 6 kg de déchets toxiques dangereux qui demandent des traitements spécialisés), etc. Un travail de R&D leur a permis de développer des solutions de remplacement prenant en compte des critères écologiques, éthiques avec des qualités technologiques permettant de garantir des performances supérieures aux planches de surf normales : fibres de lin, résines époxy biosourcées, polystyrène recyclé, process de fabrication qui réduit le temps d’exposition aux produits, matières premières produites régionalement, moins de déchets et recyclage effectif de 75 %, plus qu’un seul kg de déchets dangereux là où avant il y en avait cinq.
Et pour la suite, NOTOX s’est rapprochée d’une entreprise de chimie verte issue du CNRS Grenoble. Elle travaille sur un projet de composite mono-matériau fabriqué à partir de seule cellulose produite de façon renouvelable par tous les végétaux, et recyclable en totalité de façon quasi-indéfiniment.

Voir en ligne : Entreprise Notox à Anglet