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Le poids économique de l’Afrique du sud en Afrique australe : présent et futurs prévisibles

samedi 18 novembre 2017, par André-Jean

Double contraste avec ce grand pays. Par bien des aspects, c’est encore un pays en développement. Toutefois, la République d’Afrique du Sud, est l’unique pays africain membre des BRICS et du G20. Même parfois en seconde ou troisième position pour le PIB derrière le Nigéria et l’Egypte, elle est à divers titres, la première économie du continent africain. En terme de richesse par habitant, l’Afrique du Sud se situe bien au premier rang. Mais on dit que les blancs y ont un niveau de vie équivalent à leurs homologues européens, tandis que les noirs des leurs dans les pays africains voisins.
Le chemin a été long pour parvenir à cette position. L’article propose de le survoler.

Sommaire :

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1. Histoire économique de l’Afrique du Sud

Comment aborder l’économie d’un pays sans évoquer les contextes historiques et géographiques ? Celle de la République d’Afrique du Sud est très marquée par le passé du pays.
L’Afrique du Sud recèle le berceau de l’humanité [1] reconnu en 1999 par l’UNESCO comme patrimoine de l’humanité, avec les restes des plus anciens hominidés. Nos ancêtres humains n’ont jamais déserté cette région. L’Afrique australe a, probablement, vu émergé des évolutions cruciales de notre espèce [2].

Des vagues successives de populations s’installent dans la pointe australe de l’Afrique de façon plus ou moins pacifique au fil des siècles. Des cultures et des langues variées, nées dans des environnements très différents, se côtoient toujours en Afrique du Sud.

Les navigateurs européens découvrent les lieux vers la fin du 15ème siècle. La colonisation commence deux siècles plus tard. Les hollandais et les anglais se disputent le contrôle des zones littorales. Les premiers colons, eux, s’enfoncent dans les terres et revendiquent leur indépendance.

A la fin du 19ème siècle, l’Afrique du Sud est encore faiblement peuplée. Elle dispose de richesses limitées et exporte surtout de la laine, de l’ivoire et des peaux. Jusqu’en 1848, le réseau routier reste embryonnaire ; le pays ne comporte pas de grande banque avant 1860 et très peu de voies ferrées jusqu’en 1880.

La découverte et l’exploitation de diamants, à partir de 1866, changent totalement la mise. La ville de Kimberley se créé à proximité des champs diamantifères. La construction de chemins de fer s’impose. La De Beers Consolidated Mines Ltd, fondée en 1988 par l’homme d’affaire britannique Cecil Rhodes, devient et restera la plus importante société propriétaire de mines de diamants du monde. La découverte d’or s’ajoute à celle des diamants [3]. L’Afrique du Sud entre dans l’ère industrielle.

Lizzie van Zyl, enfant boer internée dans un camp de concentration britannique durant la deuxième Guerre des Boers

Avec la richesse, arrive aussi les convoitises. Après une pratique de la terre brulée, des dizaines de milliers de morts et des camps de concentration, les guerres des Boers débouchent sur la victoire du colonisateur britannique. Elles accouchent aussi du ressentiment de la population blanche présente et, de l’essor du nationalisme afrikaner. Après les guerres de Boers cependant, Afrikaners, comprenant le risque de marginalisation, et Anglophones se réconcilient. L’adoption en 1925 de l’afrikaans (proche du néerlandais) comme langue officielle au même titre que l’anglais raffermit la cohésion d’une communauté blanche forte aujourd’hui de 5,9 millions de personnes, dont 40% sont anglophones. L’accord tacite entre les deux communautés abouti finalement à une forme de partage du pouvoir jusqu’en 1994 : la politique aux Afrikaners, l’économie aux Anglophones [4].
Les 32,8 millions de personnes qui constituent aujourd’hui la société noire forment un ensemble extraordinairement complexe et multiforme. Les dissimilitudes sont saisissantes dans la dizaine d’ethnies, chacune composée d’une myriade de clans et de tribus aux coutumes et aux dialectes différents et aux mentalités souvent antagonistes. La communauté noire demeure fissurée par des rivalités intestines héritées du passé ; notamment par celles qui ont longtemps opposées Zoulous et Xhosas et que l’on retrouve dans l’opposition entre le parti zoulou Inkatha Freedom Party (IFP) et l’African National Congress (ANC). Cette diversité et ces oppositions ont joué comme un couvercle sur la marmite des frustrations profondes et ignorées des populations noires. Elles mettront près d’un siècle avant de ré-émerger.

Au début du 20ème siècle, l’Union Sud-Africaine, fédération sous domination britannique, est encore un état à l’industrie embryonnaire. Elle exporte essentiellement des minerais (or principalement), et quelques denrées agricoles. Les biens fabriqués sont surtout destinés au marché intérieur. Dominion de l’empire britannique, l’Union sud-africaine est enrôlée dans les deux guerres mondiales. Avec la Seconde Guerre mondiale, l’économie tout entière de l’Afrique du Sud est réorientée vers l’effort de guerre et le soutien à la Grande-Bretagne.
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2. Développement économique et démocratique après la Seconde guerre mondiale

De 1946 à 1974, l’Union Sud Africaine connait un taux de croissance économique continue de 5 % en moyenne par an et bénéficie d’un afflux de capitaux étrangers, surtout américains et anglais. Cette expansion économique repose toutefois sur une structure de production adaptée à l’exploitation des ressources naturelles et sur une main d’œuvre disponible et à très bas coûts. Dans le même temps, son indépendance est actée avec l’institution de la République le 10 mai 1961, sa sortie du Commonwealth et institutionnalisation de la politique d’apartheid.

Bidonvilles du Township de Soweto

Celle-ci, menée de 1948 à 1991, entretient de fortes tensions sociales et limite le développement du marché intérieur de façon inhabituelle pour un pays industriel moderne. La moitié de la population noire, majoritaire dans le pays, subvient à ses besoins via l’économie parallèle. La croissance économique s’appuie donc pour l’essentiel sur des échanges internationaux très intenses. Mais, ils rendent l’Afrique du Sud très sensible aux sanctions internationales prises à partir de 1986 à l’encontre de la politique d’apartheid.

En 1990, Frederik de Klerk, légalise l’ANC [5], le parti communiste sud-africain et tous les mouvements noirs. Nelson Mandela est libéré. En juin 1991, le gouvernement abolit les dernières lois de l’apartheid et entame un processus de transition constitutionnelle, CODESA [6]. Ce dernier aboutit entre autre à la création d’une nouvelle assemblée constituante.
En 1993, une constitution provisoire réorganise l’Etat sud-africain autour des valeurs-clés de liberté, d’égalité, de dignité. Elle place en son sommet une Cour constitutionnelle. Le 27 avril 1994, le processus de transition démocratique, âprement négocié, aboutit aux premières élections multiraciales de l’histoire du pays. Elles sont remportées par l’ANC. Nelson Mandela devient alors le premier président noir du pays. Par la même occasion, le pays réintègre le Commonwealth. En 1995, une Commission vérité et réconciliation est mise en place. Le 10 décembre 1996 est adoptée une nouvelle constitution sud-africaine, principalement fondée sur la constitution provisoire de 1993.

De 1999 à 2008, le pays est présidé par Thabo Mbeki. Durand cette période, est apparue, aux côtés de la bourgeoisie blanche, une bourgeoisie noire ; ni l’ANC, ni le parti communiste, ni le syndicat COSATU [7] n’ont remis en cause l’ordre économique et social. Au contraire, les privatisations se sont multipliées. L’Afrique du Sud est un des pays les plus inégalitaires du monde, ainsi que l’atteste son coefficient de Gini [8].
À la suite des difficultés économiques et sociales apparues lors du second mandat de Thabo Mbeki, caractérisées en 2008 par une grave pénurie d’électricité en Afrique du Sud et la dégradation des infrastructures, son parti, l’ANC, lui retire son mandat le 21 septembre 2008. Thabo Mbeki remet sa démission au Parlement qui élit alors Kgalema Motlanthe pour terminer son mandat.

Jacob Zuma

Les élections générales du 22 avril 2009 sont de nouveau remportées par l’ANC. Jacob Zuma, ancien vice-président de 1999 à 2005, devient le nouveau président de la République. Il prête serment le 9 mai 2009 et forme un gouvernement plus ouvert aux partis politiques minoritaires, dont le parti communiste mais aussi, pour la première fois depuis 1994, le front de la liberté (droite afrikaner). Le massacre de Marikana en 2012, où la police tire sur des salariés grévistes faisant des dizaines de morts, entache l’image de l’ANC au sein de son électorat. Cependant, lors des élections générales sud-africaines de 2014, Jacob Zuma est réélu pour un second mandat. L’ANC reste nettement en tête dans l’électorat bien qu’en recul face à l’Alliance démocratique, centriste, et aux Economic Freedom Fighters, extrême gauche, de Julius Malema.
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3. Economie de la République d’Afrique du Sud

Superficie : 1,2 Mkm2, 25ème ; France : 0,67.
Population : 55,6 Mhab. en 2016, 24ème ; France : 67,6.
Densité : 42 hab./km2 ; France : 99.

L’espérance de vie a chuté de 62 ans en 1990 à 51 ans en 2005, avant de remonter a 60 ans en 2011. Le pays a le taux d’incidence du VIH le plus élevé au monde, avec 5,6 millions de citoyens – plus de 10 % de la population – porteurs du virus.

Les chiffres de l’économie de l’Afrique du Sud étaient les suivant en 2014 :

  • PIB : 350 milliards $ (33e ; France 2 465 milliards $ en 2016)
  • PIB-PPA : 704 milliards $ [PPA] (29e)
  • PIB/hab. : 6 483 $ (87ème ; France 44 099 $ en 2013)
  • PIB (PPA)/hab. : 13 046 $ (88ème ; France 39 813 $ en 2013)
  • Taux de chômage : 25,1 % de la population active (France 10 %)
  • Dette publique : 45,4 % du PIB (France : 98,2 %)
  • IDH : 0,629 (121ème ; France : 0,897 - 21ème)
  • L’espérance de vie a chuté de 62 ans en 1990 à 51 ans en 2005, avant de remonter à 60 ans en 2011.

L’Afrique du Sud, toujours fortement marquée par son passé historique et l’apartheid, est un pays émergent. Son économie est de plus en plus diversifiée, mais elle reste incapable d’assurer une réduction spectaculaire de la grande pauvreté. La recherche d’une forte croissance économique est prioritaire sur les autres progrès, comme la lutte contre la pollution. Cette croissance est restée forte de nombreuses années (5,1 % en 2007, 3 % en 2008). Cependant, avec la crise économique l’Afrique du Sud est entrée en récession ce qui va à terme entrainer de graves problèmes économiques et sociaux.

La population active était de 18,54 M en 2013 répartie ainsi :
 9 % agriculture [9]
 26 % industrie [10]
 65 % services [11]

Le Big Hole de Kimberley
Le plus grand trou jamais creusé par la main de l’Homme - Kimberley (Afrique du Sud)

Les exportations se sont élevés à 91 G$ en 2013, principalement : Or, Diamants, Platine, Autres métaux et minéraux, Machines et équipements. Les principaux clients sont la Chine, les USA, le Japon, l’Allemagne, l’Inde.
Les importations ont représenté 100 G$ en 2013, avec : Machines et équipements, Produits chimiques, Produits pétrochimiques, Instruments scientifiques, Agroalimentaire. Les principaux fournisseurs sont la Chine, l’Allemagne, l’Arabie Saoudite, les USA, le Japon et l’Inde.

Le Rapport sur le Développement humain 2008 indique que l’Afrique du Sud se place à la 121ème place sur 177 avec un IDH de 0,674. Ce chiffre reste en fait très faible si on le compare aux indices des pays développés. L’espérance de vie à la naissance n’est que de 50,8 ans. Le taux d’alphabétisation des adultes est de 82,4 % et le PIB par habitant (en PPA) est de 9 800 US$.
Il est important de noter qu’en Afrique du Sud, les blancs ont un mode de vie et un niveau de vie similaire à celui de l’Occident. Les noirs ont un mode de vie et un niveau de vie similaire à celui des autres pays africains. Les métisses et les indiens constituent une couche intermédiaire.
23,2 % de la population active est au chômage en août 2008, selon l’OIT. Ce taux est monté à 27,1 % en 2016, selon l’Agence nationale des statistiques d’Afrique du Sud. Cela représente d’après cette dernière, 5,9 millions de personnes en plus de 2,9 millions de personnes qui ont quitté le marché du travail par découragement. 54,2 % de la population active entre 15 et 24 ans est également au chômage.

Une politique de discrimination positive en faveur des populations et travailleurs noirs est conduite depuis 1994. Menée sans discernement suffisant et avec des dérives de favoritisme (pour les proches de l’ANC), elle a entrainé des réactions dommageables pour le pays. De nombreux africains pauvres immigreraient en Afrique du Sud pour gagner plus que dans leurs pays d’origine. Inversement, les blancs - surtout les jeunes diplômés - émigreraient massivement en Australie ou en Nouvelle-Zélande aux motifs : d’une très forte criminalité, de la discrimination positive bloquant les perspectives d’évolution professionnelle pour les blancs (plus encore pour les hommes), de la dépréciation du Rand, de la tiers-mondisation/africanisation de l’Afrique du Sud, de la corruption, etc. Une stabilisation des émigrations de travailleurs blancs par les retours au pays semble cependant se dessiner aujourd’hui.

Centrale charbon d’Arnot
Middelburg (province de Mpumalanga), 2013 — Énergie en Afrique du Sud

Comme d’autres, la politique environnementale et énergétique de l’Afrique du Sud est victime des priorités du pays en faveur d’un rapide développement économique. En 2011, 93 % de l’électricité de l’Afrique du Sud provient du charbon. C’est l’un des pays les plus dépendant de ce combustible ; le port de Richards Bay abrite le premier terminal portuaire exportateur de charbon au monde. Le pays dispose de la seule centrale nucléaire du continent africain, située à Koeberg, entrée en service en 1982. Pour assurer son développement et sa croissance économique, le pays doit cependant continuer à investir dans le secteur énergétique, notamment nucléaire, mais aussi thermique, pour assurer ses besoins immédiats : construction d’une centrale à charbon à Medupi.
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4. Poids au sein de l’Afrique

L’Union Européenne demeure le premier partenaire commercial de l’Afrique du Sud et une zone indispensable pour les exportations sud-africaines.

Cependant, depuis la fin de l’apartheid, l’Afrique du Sud a développé une diplomatie forte autour des valeurs de la promotion des droits de l’Homme, de la démocratie et de la justice dans le système international, du modèle sud-africain en matière constitutionnel et de réconciliation. Dans le même temps, l’Afrique du Sud poursuit une politique centrée sur le respect de la souveraineté nationale et sur l’attachement à l’autodétermination des peuples.

L’Afrique du Sud est particulièrement impliquée en Afrique australe et dans la zone SADC [12]. La stabilisation de la République démocratique du Congo, conçue comme la porte d’entrée de la SADC, est au cœur des priorités de l’Afrique du sud, qui participe à la brigade d’intervention au sein de la MONUSCO. Le commandant des forces de la MONUSCO est, depuis 2016, le général sud-africain Derrick Mgwebi.

Jeune Sud-africaine aux couleurs de l’arc-en-cie — Nation arc-en-ciel

L’Afrique du Sud, la nation "arc-en-ciel", comme l’a qualifiée l’archevêque Desmond Tutu, prix Nobel de la paix, a été un symbole mondial de la lutte contre l’oppression et d’un passage pacifique à la démocratie. Bien que d’une taille et d’un poids économique et démographique très inférieur aux autres BRICS (son PIB représente 5 % de celui de la Chine), ce pays est la première puissance économique d’Afrique subsaharienne. À lui seul, il assure 20 % des exportations de l’Afrique. L’Afrique du Sud (le 1er exportateur mondial d’or et de platine et le 4e exportateur mondial de charbon) est un véritable réservoir de matières premières pour la Chine et l’Inde, elle profite pleinement de la forte demande de ces deux nations (depuis 2000, le PIB de l’Afrique du Sud a augmenté de 200 %). L’Afrique du Sud a vu la montée d’une nouvelle classe moyenne issue de la population noire et l’internationalisation de ses grandes entreprises, notamment dans les mines. Cette mondialisation, appuyée sur la bourse de Johannesburg - un élément clé de l’émergence économique de l’Afrique du Sud - lui a ouvert en 2011 les portes du groupe des BRICS. [13]

Soucieuse de développer de forts partenariats Sud-Sud, l’Afrique du Sud s’investit beaucoup dans les BRICS, afin de promouvoir une politique non-alignée et de développer la coopération Sud-Sud. Le pays présidera les BRICS en 2018. Seul Etat africain membre du G20, elle s’efforce d’y promouvoir les intérêts africains.
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5. Perspectives

D’importants progrès ont été enregistrés depuis la fin de l’apartheid, en particulier au plan de la réduction de l’extrême pauvreté (de 11,5 % en 1994 à 5 % désormais), de l’accès à l’électricité (accessible pour 83 % des ménages) ou du logement (79,4 % des ménages résident aujourd’hui dans des maisons en dur). Toutefois, le pays souffre encore d’importantes distorsions sociales (taux de chômage de 27,7 % de la population active au premier trimestre 2017, au plus haut depuis 2003 ; indice de Gini de 0,6 supérieur à ce qu’il était à la fin de l’apartheid).
Le pays dispose de nombreuses forces qui en font une économie émergente de 1ère importance : économie la plus moderne et diversifiée d’Afrique, large ouverture pour les exportations, stabilité politique et fiabilité des institutions notamment judiciaires, richesses en ressources naturelles, qualité des infrastructures, progression de la classe moyenne, sophistication financière (11ème et devant la France sur ce critère au classement du World Economic Forum). Toutefois, la volonté politique d’accélérer la transformation du pays vers une répartition plus équitable de la richesse économique tend à durcir les réglementations encadrant les investissements ce qui pèse sur la qualité de l’environnement des affaires. À cette contrainte s’ajoutent d’autres difficultés structurelles : pénurie de main d’œuvre qualifiée, volatilité du rand, difficulté de gouvernance et corruption (64e pays au monde selon Transparency International), présence de barrières à l’entrée. Les besoins d’investissement sont importants mais leur réalisation est freinée par la faiblesse des revenus (taux d’épargne de 16,2 % du PIB). Si plusieurs projets ont vu le jour ces dernières années, en particulier dans la production d’électricité (méga-centrales au charbon, énergies renouvelables), l’effort d’investissement devrait être porté à 25 % du PIB à moyen terme (contre 19 % aujourd’hui) pour permettre une croissance plus élevée.

Le Groupe de la Banque Africaine de développement formule ses Perspectives économiques en Afrique du Sud pour 2017 de la façon suivante :

  • La croissance économique a ralenti, à 0.3 % en 2016, mais devrait rebondir à 1.1 % en 2017 et maintenir cette trajectoire ascendante les années suivantes.
  • Les perspectives de croissance seront tirées par une croissance mondiale un peu plus forte, des conditions météorologiques plus favorables, un approvisionnement électrique fiable, un climat social plus stable, le retour de la confiance des entreprises et des consommateurs, et la stabilisation des prix des produits de base.
  • La stratégie d’industrialisation est orientée vers la promotion de l’entrepreneuriat, ce qui contribuera à créer des emplois.
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Ce survol de l’histoire et de la situation économique actuelle de la RSA laisse percevoir ce sur quoi les analystes et commentateurs s’accordent : un géant africain, mais aux pieds d’argile avec une fracture sociale persistante, de lourds problèmes d’immigration-émigration, des difficultés énergétiques aggravées pour les objectifs de contribution à la lutte contre les changements climatiques.
Les défis qu’il lui reste à relever demeurent nombreux.
Sur le plan intérieur, le premier est celui de l’éducation de la majorité de sud-africains qui n’est pas aujourd’hui préparée à participer à la vie d’une économie moderne. De la vitesse d’absorption de ce vaste groupe dépend en grande partie l’avenir du pays.
Le deuxième, qui rejoint le premier, est l’éradication d’une pauvreté qui est d’autant plus criante qu’elle est « industrialisée » et se situe plus dans les ghettos insalubres des townships que dans l’immense arrière-pays.
Le troisième consiste à lutter efficacement contre la violence qui ravage le pays et à endiguer la dramatique épidémie de sida qui en décime les forces vives.

A ces considération intérieures s’ajoutent les enjeux de géopolitique au sein du continent africain. Quel rôle la RSA pourra y jouer ? Quels intérêts les USA, la Chine, l’Inde, l’UE, y défendront ? Avec quels moyens et instruments ? La RSA saura-t-elle se positionner en portail du développement de l’Afrique (au moins subsaharienne) ? Pourra-t-elle continuer à bénéficier du développement mondial des grands groupes économiques auxquels elle donné naissance ?
Autant de questions qui restent en suspend et qui justifient une attention sur l’évolution de ce beau pays.



6. Pour aller plus loin : documentation sur l’économie et l’influence de l’Afrique du Sud

Afrique du Sud - Bibliothèque du voyageur - Gallimard

Afrique

Afrique du Sud

Histoire de l’Afrique du Sud

Économie de l’Afrique du Sud

Diplomatie — Présentation de l’Afrique du Sud

Direction générale du Trésor — Afrique du Sud

COFACE — Afrique du Sud

Afrique du Sud : émergence d’une puissance africaine

Études économiques de l’OCDE — AFRIQUE DU SUD — Mars 2013 — SYNTHÈSE

AFDB — Groupe de la Banque africaine de développement — Perspectives économiques en Afrique du Sud

Le Monde — L’Afrique du Sud, première économie africaine à la peine

Le Monde — Afrique du Sud

Institute for Security Studies - ISS — Life beyond BRICS ? — South Africa’s future foreign policy interests

Building a Better World : The Diplomacy of Ubuntu - 2011-05-13

Documentation française — L’Afrique du Sud, un pays leader en Afrique — L’émergence des BRICS : focus sur l’Afrique du Sud et le Brésil

Brexit : l’Afrique du Sud et le Zimbabwe seront affectés

Révélations sur le rôle du Mossad en Afrique du Sud

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[2Toutefois, c’est Toumaï qui tient la corde actuellement. Découvert en 2001 au Tchad, ce fossile a été daté d’environ 7 millions d’années avant le présent, ce qui signifie que près de 350 000 générations le séparent des humains des années 20003.

[3La société De Beers est passée sous le contrôle de l’Anglo-American plc, groupe minier né en 1917 de l’exploitation aurifère à proximité de Johannesburg

[4Si la population blanche est initialement marquée par les antagonismes entre Afrikaners et Anglophones, elle a accueilli une forte communauté juive dès le milieu du XIXe siècle. Celle-ci devient le principal gestionnaire de la puissance économique, en dépit de l’antisémitisme notoire des Afrikaners. La communauté juive sud-africaine possède aujourd’hui une aura qui dépasse largement le sous-continent austral et a joué un rôle crucial dans le maintien des liens entre la République d’Afrique du Sud et Israël pendant les années d’apartheid.

[5L’ANC, African National Congress ou, en Français, le Congrès national africain

[8Le Coefficient de Gini est utilisé pour mesurer l’inégalité des revenus dans un pays. C’est un nombre variant de 0 à 1, où 0 signifie l’égalité parfaite et 1 signifie une inégalité parfaite (par exemple un seul salarié dispose de tous les revenus et les autres n’ont aucun revenu). En 2005 le coefficient de Gini pour l’Afrique du Sud était de 65 %, alors qu’il était de 33 % pour la France en 2008 et 30 % pour l’UE Liste des pays par égalité de revenus.

[9Une agriculture diversifiée :
A la grande diversité du climat en Afrique du Sud répond celle de son agriculture, qui, grâce à un ambitieux programme de recherche agronomique et d’irrigation, a connu la plus importante réussite en Afrique et fait du pays le grenier alimentaire du continent.
Dans la région du Cap, le blé, la vigne, les agrumes, les légumes et les fruits bénéficient d’un climat méditerranéen. Le climat tropical des côtes du Natal favorise la culture des avocats, des bananes, des mangues et de la canne à sucre. L’intérieur des terres est dévolu à l’agriculture intensive de légumes et de céréales, quand les régions semi-arides des hauts plateaux du Veld sont exploitées par les éleveurs d’ovins et de bovins.
Le pays est non seulement auto-suffisant, mais il se place dans le monde parmi les six premiers exportateurs nets de produits alimentaires. Sa situation dans l’hémisphère sud lui permet de profiter de l’inversion des saisons pour répondre à la demande hivernale des marchés européen et américain et occuper la troisième place mondiale des exportateurs de fruits. C’est également le 5e exportateur de pâte à papier, le 6e de maïs, le 8e pour la laine et le 15e pour le sucre (la société Illovo Sugar est la premier producteur de sucre en Afrique).

[10Une manne minière :
L’Afrique du Sud bénéficie d’une manne minière qui, à l’heure de la course mondiale aux matières premières, est une véritable bénédiction pour son économie et contribue pour près de 10% au revenu national. Son sous-sol recèle une importante partie des réserves planétaires de titane (30%, 1er rang mondial), d’or (40%, 11er rang mondial), de chrome (54%, 11er rang mondial), de platine (70%, 1er rang mondial), de vanadium (45%, 1er rang mondial), de diamant (24%, 2ème rang mondial), ou encore de manganèse (82%, 1er rang mondial), ainsi qu’une multitude d’autres produits plus ou moins rares et précieux (uranium, fer, plomb, zinc, charbon, argent, étain, zirconium, vermiculite, etc.) qui lui confèrent une importance stratégique et constituent un atout de taille sur le plan économique. Ces ressources lui ont permis de fonder plusieurs multinationales comme la De Beers, leader sur le marché des diamants, Goldco (or), ou encore l’Anglo-American plc, qui est le deuxième groupe minier mondial. A leur tour, ces grandes entreprises ont contribué au développement industriel du pays dans tous les secteurs.

[11Des services efficaces :
Le secteur des services se caractérise par son haut niveau de développement. Les marchés financiers et monétaires sont solidement établis autour d’une banque centrale basée à Pretoria (la SA Reserve Bank), de dix grandes banques nationales et d’une cinquantaine d’établissements internationaux.
Avec une place financière référencée dans les marchés émergents (Johannesburg figure parmi les dix premières places mondiales) et un marché de capitaux ouvert, la RSA fait, dans ce domaine également, figure de locomotive en Afrique.
Forte de ses paysages et de sa faune (dix-huit parcs nationaux, plus de 300 réserves naturelles), l’Afrique du Sud est le pays le plus visité du continent et l’industrie touristique, secteur en plein essor marqué par l’empreinte du groupe Sun International dont le rayonnement est mondial, dépasse aujourd’hui 5% du PIB sud-africain. Les 10 aéroports internationaux participent à cette croissance en accueillant 23 millions de passagers chaque année.

[12SADC : Southern African Development Community ou en Français la Communauté de développement d’Afrique australe, la CDAA

[13L’économie de l’Afrique du Sud reste caractérisée par l’existence de cinq grands conglomérats financiers qui, à eux seuls, représentent près de 80 % des capitaux boursiers sud-africains. Ces groupes naguère régionaux sont devenus des acteurs globaux. L’exemple de l’Anglo American plc illustre cette tendance. Le groupe est né en 1917 de l’exploitation aurifère puis a pris le contrôle de la société De Beers, premier producteur mondial de diamants. Les activités minières ont été diversifiées tout au long du siècle, avec l’exploitation des mines de cuivre de Zambie dans les années 1930, puis la prise de contrôle de mines de platine, la création de la société Amcoal pour l’exploitation du charbon dans les années 1950 et celle de Mondi, filiale à l’époque spécialisée dans le bois, la fabrication de pâte à papier, pulpe et autres produits dérivés, dans les années 1960. En 1961, l’Anglo American rachète la Hudson Bay Mining au Canada, puis, dans les années 1970, s’implante en Amérique latine. Après 1994, l’internationalisation s’accélère : les acquisitions de mines en Amérique latine se multiplient, ainsi qu’en Australie et en Afrique (au Mali et surtout au Ghana avec l’achat du groupe Ashanti Gold en 2003) ; par ailleurs, le développement des secteurs de l’emballage et des matériaux de construction est considérable. Jusqu’en 1998, les intérêts du groupe en Afrique étaient contrôlés par l’Anglo American elle-même ; un autre groupe (Minorco) était chargé des intérêts hors d’Afrique (à l’exception du diamant). Mais en 1998, les deux branches ont fusionné, en même temps que le siège social de la société quittait Johannesburg pour Londres. Ce mouvement reflète la part croissante des activités non africaines qui, depuis 2003, représentent plus de 50 % des profits de l’Anglo American plc qui reste le premier producteur d’or, de platine, de charbon (privé) et de diamants du monde.
Cette internationalisation n’est pas unique parmi les grands groupes sudafricains. Elle s’appuie sur un des éléments clés de l’émergence économique de l’Afrique du Sud : le Johannesburg Stock Exchange (JSE), la bourse de Johannesburg.
C’est grâce à eux [les grands groupes] et au JSE que l’Afrique du Sud a pu intégrer en 2011 le groupe des BRICS, malgré sa très petite dimension par rapport aux géants brésilien, russe, indien et chinois.

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