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Avec l’AIGPEF en Argentine
Pourquoi des arbres ?
Propos pour un voyage en bus
mercredi 6 décembre 2023, par
Du 21 novembre au 7 décembre 2023, un groupe constitué autour d’ingénieurs des ponts, des eaux et des forêts encore actifs ou déjà retraités s’émerveillent de la nature et de l’agriculture argentines. Chacun contribue selon ses envies, ses expériences ou ses connaissances. Évoquons donc les arbres.
Sommaire
- Introduction
- Sommaire
- Fascination
- Cahier des charges
- Gérer l’eau
- Diversité
- Limitation des changements climatiques
- Quelques arbres de plus pour chacun
Fascination
Vous êtes à Buenos Aires, vous passez devant « La Biela » et puis vous découvrez « Gomero de la Recoleta », un arbre historique. Au milieu de la place, une aire abritée, ombragée. Le gommier recouvre une bonne partie de l’espace public. Des béquilles soutiennent ses branches longues et lourdes. Certaines touchent le sol et commencent à prendre racine. Combien de personnes devraient se tenir la main pour enlacer cet arbre historique ?

Combien de personnes pour faire le tour de ce vénérable platane ? Combien pour entourer cet immense pin lariccio ? Et ce chêne vert ? Et ce vieux hêtre de la forêt relique au nord de la Sainte-Baume ? Quelle force, Quel élan naturel dans tous ces arbres, Quelle puissance ? En les entourant, nous profitons de cette vigueur ! Mes grands-parents et ma mère étaient toujours fascinés par l’expression de l’élan vital qu’ils voyaient dans les forêts parcourues dans mon enfance.
Shinrin-Yoku, certaines pratiques japonaise ont développé une espèce de sylvo-thérapie par des « bains de forêt », respirer et enlacer les arbres pour s’apaiser ou pour booster son immunité.
Une partie de l’aménagement des espaces boisés dans les Bouches du Rhône a pour principal objectif la fréquentation et le bien-être de populations urbaines et péri-urbaines. Rappelons-nous aussi les séries artistiques de Fontainebleau, premier acte de conservation pour une nature imaginée sauvage contre les objectifs d’exploitation des aménageurs forestiers. Rappelons-nous le premier parc naturel du monde dans le Yosemite. Ayons en tête les décisions récentes de divers édiles municipaux répondant à l’attente de leurs électeurs par la programmation de plantations d’arbres en ville. Les arbres nous apportent nombre de bienfaits, et avant tout des émotions : « Auprès de mon arbre … » chantait Brassens.
Cahier des charges
Francis Hallé, spécialiste des forêts tropicales et grand amoureux des arbres, vante leurs qualités dans un magnifique ouvrage. Empruntons lui le dialogue de son « Plaidoyer pour l’arbre » :
Supposez que j’aille frapper à la porte d’un architecte fameux, Portzamparc, Celnik, Nouvel, Ebersolt ou Chemetov : le gratin de la profession, dans un cabinet ultramoderne où, entre plantes vertes et lumières tamisées, travaillent des dizaines de personnes. Imaginez ce genre de dialogue :
« Bonjour, maître. Si je vous demande de me construire une tour de soixante mètres de haut, cela vous paraît-il possible ?
— Bien entendu, je sais faire cela, j’en ai fait des centaines dans les années 1960 et, entre nous, ce n’est pas bien malin à construire ! Mais, vous savez, les tours de quinze étages, c’est un peu passé de mode ; on me dit que c’est désagréable à habiter et que cela génère l’insécurité. Souhaitez-vous que je travaille particulièrement la question de la fiabilité des ascenseurs ?
— Maître, vous n’y êtes pas, il ne s’agit pas d’une tour d’habitation. D’ailleurs, elle n’est pas creuse, mais pleine, et la surface au sol doit être circulaire et d’un diamètre de deux mètres.
— Holà ! comme vous y allez… Voyons, laissez-moi réfléchir… soixante mètres de haut et deux mètres de diamètre basal… votre tour, elle va ressembler davantage à une antenne des télécoms qu’à un vrai immeuble !
— Pas du tout, j’ai omis de vous dire que la partie haute – disons, les vingt mètres supérieurs – doit porter une vaste surface, souple, finement découpée mais solidement fixée et se montant à un total d’environ quinze hectares pour un diamètre d’environ trente mètres. Puis-je, en outre, vous demander de peindre tout cela en vert pomme ? »
— À ce moment précis, j’ai senti que le dialogue basculait. C’est le maître lui-même qui devint vert.
— « Quoi, hurle-t-il, vous imaginez un peu la prise au vent que va occasionner une telle superstructure ? Il va falloir que je creuse des fondations à plus de quinze mètres de profondeur.
— J’en suis désolé, maître, mais la profondeur des fondations ne doit pas excéder trois mètres. J’ajoute que j’ai l’intention d’établir ma tour sur un sol meuble et très humide, dans un pays à climat équatorial où il tombe trois mètres d’eau par an.
— Quoi ? Vous êtes fou ! Je ne la sens plus du tout, votre construction. Vous imaginez les corrosions, avec une pluviométrie pareille ? Je vais devoir faire appel à des matériaux ultra-sophistiqués, genre composite de titane et de plastique enrichi au tungstène, donc excessivement coûteux. Cela va vous coûter la peau des fesses, vous y avez pensé, à ça ?
— Bien sûr que j’y ai pensé. Hélas pour vous, maître, le matériau doit être banal, léger, capable de flotter sur l’eau et d’un prix réellement attractif, quelque chose comme 500 euros le mètre cube au maximum, et beaucoup moins si c’est possible.
— Un tel édifice n’existe pas et n’existera jamais, rugit le maître. Assez ! vous me faites perdre mon temps ! Allez-vous-en… »
— Je suis parti ; ce n’était pas la peine de le pousser à bout. D’autant plus que mon cahier des charges n’était pas fini et que je ne lui avais pas encore avoué le plus grave : si par malheur le vent abîmait ses superstructures, ma tour devait être équipée pour s’autoréparer dans un délai de quelques mois. De plus, avec le temps, je voulais qu’elle soit capable de s’entourer de petites tours, identiques à elle-même, et poussant spontanément.
— La morale de cette histoire, c’est que l’être humain, en dépit de toutes les prouesses technologiques dont il est si fier, est toujours incapable, en ce début de troisième millénaire, de construire un grand arbre ; un petit aussi d’ailleurs. Pour l’instant, tout ce qu’il sait faire, c’est de l’abattre, et ça, il ne s’en prive pas.
— L’arbre est beaucoup plus impressionnant qu’on ne le croit ; il est intimement mêlé à notre vie, à notre histoire, à notre vision du monde et même, je pense, à notre origine en tant qu’espèce. J’ai voulu montrer que l’arbre, pour nous, s’étend plus loin que l’extrémité de ses branches et s’enfonce plus profond que ses racines.
Comment mieux décrire les qualités remarquables et somme toute exceptionnelles des arbres et du bois ?
Gérer l’eau
Dès l’antiquité, Platon ou Pline décrivent précisément le rôle des arbre dans le cycle de l’eau. Au Ventoux, au Mont Aigual, dans les Alpes en particulier Alpes du sud ou les Pyrénées, en Asie et en particulier en Chine, etc. la végétation permanente, les arbres en particuliers, contribuent à réduire les inondations et à maintenir la pérennité des sources. Dans une de ses contributions, Guillaume Benoît mentionne les résultats positifs sur la résurgence de nouvelles sources enregistrés après des reboisements dans la région au nord de l’Ethiopie. De lourds et longs programmes de restauration des terrains en montagnes en France (RTM), parviennent difficilement à retrouver un fragile équilibre des sols en pente. Lorsque l’eau est déjà abondante, dans les régions équatoriales de l’Amazonie, du Congo, de l’Indonésie, les forêts évaporent une grande partie de l’eau reçue qui ira arroser les territoires plus lointains.
Diversité
Plus de 64 000 espèces d’arbres auraient déjà été répertoriées. Plus de 9 000 seraient encore à découvrir. Près de la moitié de ces espèces se trouveraient en Amérique du Sud. La diversité des arbres présents dans un ensemble forestier contribue à sa pérennité et sa capacité d’adaptation face aux aléa météorologiques ou changements climatiques. Organismes photosynthétiques dominants, les arbres apportent l’essentiel de la production végétale qui nourrit de vastes ensembles d’autres organismes, champignons et microorganismes du sol, flore et faune. Remontant l’humidité et les sels minéraux des profondeurs des sols, ils contribuent à la production et la fertilité d’un territoire. Refuge pour de nombreuses espèces d’insectes ou d’oiseaux, les arbres servent à maintenir un équilibre écologique favorable aux cultures. Apportant une protection contre la chaleur, ils assurent un abris aux plantes de sous-bois et à de nombreux animaux, y compris domestiques.
Limitation des changements climatiques — Séquestration de carbone
Efficace puisqu’on lui doit l’ensemble des gisements de charbon de la planète et une partie de ceux de gaz naturel, la photosynthèse est le meilleur moyen d’augmenter le taux de carbone dans les sols. Or ceux-ci recèlent plus de 3 fois la quantité de carbone contenu dans l’atmosphère qui contribue au réchauffement climatique. C’est la raison du projet 4‰ lancé par la France à la veille de la COP21 en 2015. Le GIEC (Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat) est auteur d’un rapport spécial sur les terres émergées qui peut nous aider à quantifier la réponse à la question : Combien d’arbre faudrait-il en plus sur la planète ? Selon ce rapport, des seuils ont été franchis : les humains ne peuvent plus atteindre l’objectif fixé à Paris en 2015, limiter le réchauffement climatique au cours du XXI ème siècle à moins de 1,5°C, sans intervenir en retirant du CO2 (Dioxyde de carbone ou gaz carbonique) de l’atmosphère. Une géo-ingénierie est devenue incontournable. Parmi les techniques utilisables, la plantation massive d’arbres permet de capter du CO2 atmosphérique et de séquestrer, au moins provisoirement, du carbone dans les plantes et dans la biomasse de façon plus générale. Certains imaginent des boisements ou reboisements sur près de 10 millions de km2 , avec des centaines de milliards d’arbres. Ajoutons une toute récente étude mobilisant des équipes du monde entier, elle conclue que « La restauration des forêts de la planète par le biais d’actions communautaires pourrait permettre de capturer jusqu’à 226 milliards de tonnes de carbone à l’échelle mondiale, soit l’équivalent d’un tiers de ce que l’Homme a rejeté depuis le début de l’ère industrielle, sous condition que les émissions soient par ailleurs réduites. »
Quelques arbres de plus par chacun
Un arbre pour toi, pour ton prochain, pour tous. Avec « A Tree For You » tu peux financer la plantation d’arbres aux multiples aménités.
En faisant un don à l’association A Tree for you, on peut soutenir la plantation de 14 000 arbres dans le pays d’Argentan (Orne). On peut aussi contribuer à développer l’agroforesterie, la couverture forestière et le maraichage dans 10 villages riverains du lac Togo. Ou bien encore participer à recouvrir des pans de montagne arméniennes d’arbre forestier et d’arbres fruitiers qui rapporteront rapidement des ressources pour les communautés locales.
A Tree for You sélectionne ses projets au vu de cinq critères et d’un impératif. Ils doivent être bénéfiques pour l’enrichissement des sols, pour le cycle de l’eau, et pour le climat. Ils doivent permettre à la biodiversité de prospérer et aux populations humaines aidées de développer une activité en harmonie avec la nature.
A ce jour, les 130 000 donateurs et mécènes de l’association financent plus 1,7 millions d’arbres sur plus de 50 projets en France et dans le monde, bénéficiant à plus de 13 000 personnes, avec un budget cumulé de 7,5 millions d’euros.
« L’homme qui plantait des arbres » fait revivre sa région. Elzéard Bouffier reboise des collines dans les Alpes provençales. Le berger ne parvient pas seulement à créer une forêt : celle-ci a des conséquences sociales et économiques, qui permettent aux villages des alentours d’accueillir de nouvelles familles alors qu’ils étaient menacés de désertification. Seuls ou en groupes, contribuons à déployer les bienfaits des arbres. Jean-Louis Étienne lance un appel à la mobilisation : « Aux arbres citoyens ! »
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