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Questions de climat

vendredi 20 mars 2015, par André-Jean

Un article de plus sur le changement climatique en cette année 2015 qui y est largement consacrée en France et dans le Monde peut paraître dérisoire. L’objectif est d’abord personnel. Il me faut mettre un peu d’ordre dans la masse d’information sur ce sujet. Comment m’approprier ce vaste sujet ? Comment en parler ? Quelles priorités retenir ? Même cet objectif limité reste imprécis. Les échanges dépendent des interlocuteurs, de leurs connaissances, de leur point de vue, de leurs représentations. Il s’agira donc d’un essai susceptible d’évoluer. S’il peut être utile …

Questions de climat - Sommaire

Le climato-scepticisme passerait-il de mode ?

Ceux qui soutiennent qu’il n’y aurait pas de réchauffement climatique ou même simplement que ce réchauffement n’aurait pas d’origine humaine sont moins nombreux, ou, au moins, les entend-on moins.
Il n’y a pas bien longtemps encore, des médias, notamment des émissions à fort audimat, se plaisaient à mettre en scène des représentants du groupe d’experts intergouvernementale sur l’évolution du climat, le fameux GIEC face à face et à parité avec des individus sans compétence climatologique même si parfois spécialistes d’autres disciplines scientifiques. De tels débats ont-ils contribué à éclairer la question ? La connaissance scientifique, même toujours discutable et révisable, procède de la confrontation aux faits observables, non pas d’une élaboration par l’opinion publique. On peut donc craindre que ces débats aient apporté surtout de la confusion, du désintérêt ou de l’inquiétude.
Heureusement diverses institutions scientifiques dans de nombreux pays, y compris au USA [1], l’Académie des sciences en France, ont validé la crédibilité des travaux du GIEC. Quoiqu’on ait pu dire par ailleurs sur la portée de l’accord de Copenhague en 2009, les chefs d’État et de gouvernement y ont également validé la référence aux travaux du GIEC. [2]

Climato-scepticisme

L’opinion publique a nettement évolué. La perception individuelle des risques climatiques, une enquête mondiale réalisée par IPSOS en 2012 à la demande d’AXA, en témoigne avec les réponses de 13 000 personnes interrogées par Internet dans 13 pays. On y apprend que : 9/10 des personnes sondées pensent que le climat a effectivement connu des changements importants ces vingt dernières années ; les 3/4 estiment que le changement climatique est désormais scientifiquement prouvé ; 73% des sondés disent avoir constaté par eux-mêmes ce changement climatique ; 97% sont inquiets en moyenne (dans les nouvelles économies) ; mais 88% des sondés estiment qu’agir pour limiter le changement climatique et ses conséquences est possible.

En France, le Baromètre d’opinion sur l’énergie et le climat en 2013 précise que 61 % des Français considèrent que le changement climatique est une réalité et qu’il est dû aux activités humaines, même si une minorité n’adopte pas toutes les positions du GIEC.

Inquiets, mais pas résignés. Tels apparaissent les Français face au changement climatique, selon un sondage réalisé par l’institut Ipsos entre le 19 et le 26 janvier 2015, auprès d’un échantillon de 995 personnes, pour le compte de l’agence Havas-Paris [3]. Premier constat, le climato-scepticisme n’est plus de mise : 89 % des français ont le sentiment que le climat a changé au cours des 20 dernières années ; 80 % pensent que le changement climatique est du en grande partie à l’activité humaine ; 77 % sont inquiets personnellement des conséquences du changement climatique. Face à cette inquiétude, toutefois, ils ont le sentiment qu’il n’est pas trop tard, que chacun peut agir [4]

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La vision des grandes entreprises évoluerait-elle ?

Les manœuvres de mobilisation de l’opinion publique telle que l’Oregon Petition qui exigeait du gouvernement américain qu’il rejette le Protocole de Kyoto à la fin en 1997 et les politiques similaires de réduction des émissions de gaz à effet de serre étaient courantes encore au début de ce siècle. Et encore récemment les élections américaines en ont donné l’illustration [5].

Divers signes laissent toutefois penser que les positions bougent et que nous sommes probablement à un basculement. En France comme dans le monde les opérations se multiplient qui mettent en lumière les initiatives des grands acteurs en faveur du climat, de la biodiversité ou de l’environnement. Les collectivités locales le font depuis des années. L’ICLEI, réseaux de grandes villes mondiales engagées pour la soutenabilité, propose une feuille de route pour le climat. Entreprises pour l’environnement [6] se prépare avec méthode à présenter les solutions des grandes entreprises pour la COP 21 les 20 & 21 mai 2015 à Paris [7]. La tarification du carbone est soutenue par 73 pays, mais également par plus d’un millier d’entreprises [8].

Il faut dire que les coûts des désordres naturels et notamment de ceux probablement imputables aux modifications climatiques commencent à peser dans les comptes des entreprises, des collectivités territoriales et des États. La Banque mondiale, dans un rapport de 2012 rapporte que, sur des pertes de 3 800 milliards de dollars US de 1980 à 2012 liés à des désastre, 87 % de ces désastres, 74 % des pertes (2 800 mds US$) et 61 % des morts ont été causés par des conditions météorologiques extrêmes.

Pertes mondiales liées aux catastrophes de 1980 à 2012
Les valeurs annuelles des pertes (en bleu) sont en milliards de US$ de 2012. La courbe noire indique la tendance. Source : © 2013 Münchener Rückversicherungs-Gesellschaft, Geo Risks Research, NatCatSERVICE (as of January 2013)

Les pertes économiques mondiales liées à des catastrophes climatiques seraient passées de 50 à 200 milliards de dollars par an entre 1980 et 2012. Eviter une accélération de ces coûts devient un objectif économiques palpable, alors même que le GIEC confirme à la fois le réchauffement et sa cause anthropique, constate l’accroissement des émissions de gaz à effet de serre et précise les contours et l’ampleur des menaces qui en résultent.
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La menace climatique se confirmerait-elle ?

Le changement climatique est un défi qui s’inscrit dans la durée, mais qui n’en appelle pas moins une action immédiate, étant donnés le rythme et l’ampleur de l’accumulation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère et le risque que la hausse de la température soit supérieure à 2°C.
Impossible de résumer les milliers de pages du cinquième rapport d’évaluation du GIEC, achevé en novembre 2014. Heureusement chacun des quatre volumes bénéficie d’une synthèse pour décideurs validée par les représentant des États.

Anomalies observées de températures moyennes en surface, combinant les terres émergées et les océans, de 1850 à 2012
Les anomalies, en °C, sont relatives aux températures de la période 1961-1990. Le graphique transcrit la relative stabilité des températures avant le XXe siècle, puis leur élévation croissante, à l’exception d’une période stable de 1940 à 1970 environ. Source : GIEC, rapport d’évaluation n°5, éléments scientifiques, résumé pour les décideurs, p. 5.

Le réchauffement du système climatique est sans équivoque et, depuis les années 1950, beaucoup de changements observés sont sans précédent depuis des décennies voire des millénaires. L’atmosphère et l’océan se sont réchauffés, la couverture de neige et de glace a diminué, le niveau des mers s’est élevé et les concentrations des gaz à effet de serre [9] ont augmenté. Ce cinquième rapport ajoute un ensemble de projections à long terme, et très long terme, 2500, dépendant des scénarios d’émissions que le monde connaîtra. Ainsi peut-il confirmer que La plupart des caractéristiques du changement climatique persisteront pendant de nombreux siècles même si les émissions de CO2 sont arrêtées.
Déjà, on déplore la perturbation des systèmes hydrologiques ce qui influe sur la qualité et la quantité des ressources hydriques. De nombreuses études sur un large éventail de régions et de types de cultures, font état d’incidences négatives du changement climatique sur le rendement des cultures. Les incidences d’événements climatiques extrêmes récents — vagues de chaleur, sécheresses, inondations, cyclones et feux incontrôlés — mettent en évidence la grande vulnérabilité et le degré élevé d’exposition de certains écosystèmes et de nombreux systèmes humains à la variabilité actuelle du climat. Des risques graves et probables touchent plusieurs secteurs et régions :

  • décès, blessures, maladies ou perturbation des moyens de subsistance dans les zones côtières basses, les petits États insulaires en développement et les autres petites îles, dus aux ondes de tempête, aux inondations côtières et à l’élévation du niveau de la mer ;
  • détérioration grave de la santé et perturbation des moyens de subsistance au sein des grandes populations urbaines dus aux inondations survenant à l’intérieur des terres dans certaines régions ;
  • phénomènes météorologiques extrêmes conduisant à la détérioration des réseaux d’infrastructures et des services essentiels tels que l’électricité, l’approvisionnement en eau, la santé et les services d’urgence ;
  • mortalité et morbidité pendant les périodes de chaleur extrême, en particulier pour les populations urbaines vulnérables et les personnes travaillant à l’extérieur dans les régions urbaines et rurales ;
  • insécurité alimentaire et de rupture des systèmes alimentaires liés au réchauffement, aux sécheresses, aux inondations et à la variabilité des précipitations, y compris les événements extrêmes, en particulier pour les populations les plus pauvres des régions urbaines et rurales ;
  • perte des moyens de subsistance et de revenus dans les régions rurales en raison d’un accès insuffisant à l’eau potable et à l’eau d’irrigation, ainsi qu’à la diminution de la productivité agricole, en particulier pour les agriculteurs et les éleveurs disposant de moyens limités dans les régions semi-arides ;
  • perte des écosystèmes marins et côtiers, de la biodiversité et des biens, fonctions et services écosystémiques qu’ils apportent aux moyens de subsistance, en particulier pour les collectivités de pêcheurs des régions tropicales et arctiques ;
  • perte d’écosystèmes terrestres et d’écosystèmes des eaux intérieures, de leur biodiversité, et des biens, fonctions et services écosystémiques qu’ils apportent aux moyens de subsistance.

Comment ne pas être alerté par l’article de Jean-Michel Valentin, Guerre, sécurité et changement climatique ? Comment ne pas entendre les analyses de plusieurs universitaires américains du Center for American progress qui voient des corrélations entre les stress hydriques accrus, la pression alimentaire qui en résultent et les révoltes du Printemps Arabe : The Arab Spring and Climate Change ? Comment ne pas être interpelé par des études comme Middle Eastern Studies de Francesca de Châtel, spécialiste des questions de gestion de l’eau au Moyen Orient ? Elle montre comment, chiffres de l’ONU à l’appui, pas moins de 1,3 million de Syriens ont été touchés par la sécheresse qui a frappé la Syrie entre 2006 et 2010.

Réfugiés syriens traversant la frontière
Source : AFP/SFIN HAMED - Le Monde | 08.04.2014 à 14h42

Comment ne pas s’interroger sur les liens entre la déstabilisation de régions aussi proches de l’Europe et la pression de migration qui s’exerce, de façon parfois dramatique, à ses frontières ? Comment ne pas s’inquiéter des conséquences du renforcement des sécheresses sur tout le bassin méditerranéen et les pays peuplés de son pourtour dans les prochaines décennies, une des prévisions les plus probables des climatologues ? Le gouvernement britannique aura en tout cas jugé que cette question méritait d’être documentée par un solide rapport de 2011 : Migration et changements environnementaux planétaires. Sa principale recommandation est de s’apprêter à planifier et faciliter les migrations humaines pour permettre de sortir les personnes d’une situation de vulnérabilité. L’année suivante, jeudi 25 octobre 2012, un rapport examiné par l’Assemblée générale des Nations unies, à New York, appelle la communauté internationale à "reconnaître que la migration est une partie de la solution aux défis mondiaux de l’environnement". Face aux millions de sinistrés que le changement climatique risque de jeter sur les routes, le texte affirme que "la souveraineté territoriale ne devrait jamais être un obstacle permanent à la migration".
Comment ne pas s’horrifier des réflexions de Timothy Snyder (Professeur d’histoire à l’université de Yale, Etats-Unis), Demain, des holocaustes sur fond de famine ?

Prévisions d’évolution de la hausse des températures en fonction des scénarios d’émission de GES
Au-delà de la période historique, l’évolution des températures dépend des scénarios d’émissions de GES (RCP — voir la note au bas de l’article) et des modèles de représentation du climat (faisceau d’évolution autour de la valeur moyenne). Source : GIEC AR5-GR1 résumé pour les décideurs, p. 89

Quelque soit le scénario RCP [10], un réchauffement de 2°C à la fin du XXIe siècle par rapport aux températures d’avant la révolution industrielle semble à présent inévitable. Mais, la poursuite des émissions au rythme actuel conduirait à un réchauffement d’au moins 4°C en 2100, 6°C en 2200 et 8° en 2300, une montée des eaux océaniques de 60 cm d’ici 2100 et 3 m d’ici 2300. Les conséquences se prolongeront ainsi pour des siècles. Une illustration en avait été donnée dans le second rapport d’évaluation du GIEC de 2001. Elle a été confirmée depuis.

Temps caractéristiques des réponses à un pic anthropique d’émissions de CO2 au cours du 21e siècle
La représentation montre qu’après un pic d’émission de GES par l’humanité au cours du XXIe siècle, la concentration en CO2 de l’atmosphère augmentera encore pendant un siècle de plus, la stabilisation de la température n’interviendra que vers 2300, et la remontée du niveau des mers se prolongera plusieurs millénaires. Source GIEC - AR3, figure 6.1 - 2001

La fonte de la calotte de glace du Groenland induirait une hausse d’au moins 7 m du niveau des mers. Celle de l’antarticte ajouterait encore 20 m. Paris-plage ne serait plus une initiative médiatique. La poursuite de la tendance actuelle induirait de profonds bouleversements. À coup sûr, ce serait beaucoup de souffrances dans bien des endroits. Ce serait des risques de violence. Est-il au moins encore possible d’éviter le pire ?
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Pourrions-nous éviter le pire ?

L’humanité émet actuellement plus de gaz à effet de serre que les scénarios les plus pessimistes imaginés lors des précédents rapports du GIEC. C’est la prolongation de ces émissions [11] qui a été retenue comme scénario tendanciel et comme pire des éventualités.

Emissions de gaz à effet de serre compatibles avec les divers scénarios d’évolution des températures
Les quantités d’émissions (annuelles en haut, cumulées depuis la révolution industrielle en bas) sont comptées en Petagrammes de Carbone (PgC) soit en milliards de tonne de carbone (pour avoir le poids de l’équivalent en CO2 il convient de multiplier par 3,1). Source : GIEC AR5-GR1 résumé pour les décideurs, p. 94

Pour limiter à 50 % le risque de dépasser les 2°C en 2100, il faudrait ne pas avoir émis plus de 3 200 Gt CO2equ [12]. Or, l’humanité a déjà émis 2 000 Gt. Resterait entre 900 et au maximum 1 200 Gt à émettre, soit pas plus de 20 ans d’émissions mondiales au rythme actuel [13] ! The geographical distribution of fossil fuels unusedwhen limiting global warming to 2°C, étude financée par le Centre de Recherche sur l’Energie du Royaume-Uni, précise la marge dont le monde dispose en la matière. Un tiers des réserves de pétrole, la moitié des réserves de gaz et plus de 80% des réserves mondiales de charbon devraient demeurer dans le sol et ne pas être utilisées avant 2050 pour que le réchauffement climatique soit contenu sous la cible des 2°C, soit en détaillant :

  • la majeure partie des énormes réserves de charbon en Chine, en Russie et aux États-Unis,
  • l’équivalent de 260 000 millions de barils de pétrole (ce qui représente les réserves de pétrole détenues par l’Arabie saoudite),
  • 60% des réserves de gaz dont dispose le Moyen-Orient,
  • les ressources éventuelle de l’Arctique et toute autre source de pétrole non conventionnel.
Potentiel d’émission de CO2 par la combustion des réserves de ressources fossiles
Les réserves pétrolières sont le volume de pétrole récupérable, à partir de champs de pétrole découverts, sur la base des contraintes économiques et techniques actuelles. — Wikipédia Le graphique indique que ces réserves mondiales sont estimées à 1 294 milliards de barils de pétrole, 192 000 milliards de mètres cube de gaz naturel, 728 milliards tonnes de charbon 276 milliards tonnes de lignite. Leur combustion émettrait 2 900 milliards de tonnes de CO2. La partie orange qui surmonte les réserves de chaque type correspond à des estimations au-delà des réserves prouvées.

Concrétiser la volonté déclarée de maintenir le climat dans les 2°C de hausse impose donc de n’exploiter au plus que 1/5e des ressources fossiles probablement accessibles et pas plus des 2/5e des réserves déjà connues comme certaines. Il en résulte que les coûts de production des énergies fossiles resteraient faibles. Cette simple observation appelle des obligations (taxe, quotas vendus, réglementations contraignantes, etc.) pour que les coûts d’utilisation de ces ressources énergétiques faciles deviennent dissuasifs [14]

C’est donc entre le scénario tendanciel (RCP8,5) extrêmement dangereux pour l’humanité et celui qui permettrait d’espérer limiter la hausse des températures à 2°C (RCP2,6), le plus exigeant dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre, que les discussions se mènent en ce moment dans le cadre de la convention climat, avec un moment fort à Paris en décembre 2015 pour la COP21.

Logo de la COP 21

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Saurions-nous détailler les mesures à prendre ?

Atteindre l’objectif d’une hausse des températures limitée à 2°C laisse, pour très peu de temps encore, quelques chemins pour y accéder. Cependant, tous exigent des réductions d’émissions substantielles au cours des prochaines décades jusqu’à la suppression de toute émission de CO2 et des autres gaz à effet de serre à long terme avant la fin de ce siècle. De telles réductions exigent de relever des défis technologiques, économiques et sociaux d’autant plus difficiles que l’on diffère leur mise en œuvre. C’est aux mesures qui permettent de contribuer à ces réductions d’émissions qu’est consacrée le troisième volume du cinquième rapport d’évaluation du GIEC, et son résumé pour les décideurs

Tous les secteurs d’activité peuvent contribuer aux réductions d’émissions :

  • Les infrastructures et les biens à longue durée de vie qui bloquent les sociétés dans un mode de développement intense en émissions de GES (logements et bâtiments, urbanisme, infrastructures énergétiques et de transport, etc.) nécessitent une action immédiate.
  • Une bonne complémentarité entre les mesures de réduction dans l’approvisionnement et les utilisations de l’énergie et celles prises pour le développement dans le secteur de l’agriculture, de la forêt et des usages des sols permet des stratégies d’atténuation des émissions plus efficaces et moins couteuses sans compromettre le développement. [15]
  • La fourniture d’énergie (notamment pour la production d’électricité) restera probablement le premier secteur d’émissions. Aussi les scénarios visant les plus basses concentrations de GES comportent des changements mondiaux à grande échelle dans le secteur de l’approvisionnement énergétique. Il s’agirait de diminuer ses émissions dès les prochaines décades pour atteindre 90 % et plus de réduction entre 2040 et 2070 par rapport à 2010.
  • La réduction des consommations finales d’énergie par l’efficacité énergétique et les changements de comportement (sobriété énergétique) est une clé dans les scénarios visant les 2°C.
  • Les habitudes et modes de vie ont une influence considérable sur les utilisations énergétiques et les émissions associées. Un important potentiel d’atténuation existe dans quelques secteurs tels que la mobilité, la vie domestique et les biens d’équipement.

On le comprend, des réductions substantielles d’émissions de GES nécessitent de vastes modifications dans l’orientation des investissements.

  • Les investissements mondiaux annuels dans les systèmes énergétiques sont estimés à 1 200 Mds$ [16]. Les investissements dans la production d’électricité à partir des énergies fossiles devraient diminuer de 30 Mds$ par an (-20 %) [17], tandis que ceux pour la production d’électricité sans émission de CO2 (renouvelables, nucléaire et production avec capture et séquestration du CO2) devraient augmenter de 147 Mds$ par an. Dans le même temps les investissements annuels pour améliorer l’efficacité énergétique dans les transports, les bâtiments et l’industrie devraient croître de 336 Mds$, impliquant souvent la modernisation des équipements actuels.
  • On ne part pas de rien, puisque les flux financiers supposés atténuer les émissions nettes de GES et permettre de s’adapter aux changements climatiques sont estimés à 343 à 385 Mds$ par an dans le monde, l’essentiel étant consacré à l’atténuation. Les financements climat publics et privés qui vont aux pays en développement sont estimés respectivement entre 35 et 49 Mds (public) et entre 10 et 72 Mds (privé) par an.
  • Des progrès ont été faits dans les politiques qui intègrent divers objectifs en cumulant les co-bénéfices et en réduisant les effets secondaires indésirables. Les mesures qui allient la réduction des émissions de GES et celle de la pollution atmosphérique en donnent un exemple.
    Double bénéfice de la réduction des émissions de GES pour la qualité de l’air
    Pollution au particules de carbone (BC - black carbone) et au dioxide de souffre (SO2) en 2050 par rapport aux niveaux de 2005 selon le scénario tendanciel (baseline). Il indique que les mesures limitées à la maîtrise de la pollution réduirait les émission BC et celles de SO2 de 30%. Avec les efforts supplémentaires pour réduire les émissions de GES visant à ne pas dépasser les 2°C de réchauffement en 2100 (Stringent Climate Policy) les réductions de ces deux polluants pourraient atteindre respectivement plus de 50 % et plus de 70 %. Source : GIEC, AR5, Volume 3, résumé pour les décideurs, p. 17, Figure SPM.6
  • A l’inverse, il faut regretter la préférence trop souvent donnée aux politiques concernant un secteur spécifique plutôt qu’à celles à large spectre économique plus efficientes.
  • Cette liste serait incomplète sans mentionner la nécessité de supprimer le plus vite possible les subventions accordées dans le monde à la consommation des énergies fossiles et à leur exploration. L’AIE [18] considère que les seules subventions à la consommation se sont élevées à 409 Mds$ en 2010.
    Subventions mondiales aux énergies fossiles
  • Quant aux subventions accordées en faveur de l’exploration des combustibles fossiles, un rapport des ONG Oversea Développement Institute et de Oil Change International de novembre 2014, estime à 88 Mds$ par an les dépenses annuelles des gouvernements du G20. Ces pays avaient pourtant promis, il y a cinq ans, de « mettre un terme aux subventions “inefficaces” pour l’exploitation des énergies fossiles ».

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Devrions-nous renoncer à la croissance économique ?

Avant d’entrer plus avant dans les réponses à cette question, on ne peut écarter une interrogation plus fondamentale : Quels objectifs pour une prospérité soutenable et quels indicateurs pour en rendre compte ? Trop souvent en effet, de façon explicite et parfois implicite, on assimile progrès et revenu. Ce dernier découlant de la production, on court après la croissance économique mesurée par celle du PIB [19] ; dans le même élan, on ignore ce qui l’accompagne : la consommation de ressources naturelles et les pollutions, ainsi trop souvent que les tensions sociales liées à l’accroissement des inégalités dans la distribution des revenus.

Toutefois, en particulier dans cette période de chômage, de pauvreté et de disparités, la croissance économique miroite comme un mirage. Le dérèglement climatique annoncé et son cortège de désagréments et de menaces n’arrivent pas à faire le poids face aux promesses, ou même aux illusions, de subsides supplémentaires.

Les travaux de Nicholas Stern [20] contribuent de façon décisive à concilier les exigences d’un développement économique et celles de la lutte contre le réchauffement climatique. Son premier rapport répondait à une commande du gouvernement britannique en 2006 [21]. Il évaluait à 1 % du PIB mondial l’effort à consentir pour une politique de maîtrise des émissions de gaz à effet de serre, alors que l’inaction et ses conséquences représentaient une menace de récession économique atteignant jusqu’à 20 % du PIB mondial.
Certes, la démarche de Stern lui a attiré des critiques. Mais elle lui a valu également le soutien de plusieurs économistes dont des Prix Nobel [22]. Il a repris son travail et publié en 2009 A BLUEPRINT FOR A SAFER PLANET. À cette date, il réévalue à 1 000 md$ [23] par an, soit 2 % du PIB mondial courant l’effort nécessaire pour maintenir la concentration atmosphérique en CO2 en-dessous de 500 ppm [24]. En effet, on ne doit pas dépasser les 500 ppm pour maintenir 50 % de chance de ne pas dépasser de plus de 2°C l’augmentation de température à la fin du XXIe siècle. Une des caractéristiques de la démarche de Stern est qu’il mobilise les instruments de l’économie classique à la fois pour évaluer les coûts de l’inaction et les efforts à consentir pour remédier aux émissions. Ainsi, explique-t-il, une bonne partie des 2 % du PIB à engager pour limiter les changements climatiques proviendraient davantage des dépenses des particuliers et des investissements privés que des budgets publics. On reste dans le cadre familier de nos régulations économiques, même si, bien évidemment, de tels comportements nécessitent un cadre incitatif de politiques publiques.

BETTER GROWTH - BETTER CLIMATE, Une meilleure croissance pour un meilleur climat, est un nouveau rapport. Il est présenté par le célèbre économiste et par l’ancien président mexicain Felipe Calderon en septembre 2014. C’est le fruit du travail de toute une commission constituée de personnalités, de spécialistes et de responsables économiques du monde entier, la commission mondiale sur l’économie et le climat [25]. Il s’appuie naturellement sur les travaux du GIEC et notamment le cinquième rapport d’évaluation [26]. Il insiste plus particulièrement sur les points suivants :

  • Les villes sont des moteurs de la croissance économique. Elles représentent environ 80 % de la production économique mondiale, et environ 70 % de la consommation mondiale d’énergie et des émissions de gaz à effet de serre. Un développement urbain plus compact et mieux intégré, construit autour d’un réseau de transport en commun, peut créer des villes qui sont économiquement dynamiques, plus saines et qui produisent moins d’émissions.
  • L’amélioration de la productivité de l’utilisation des terres doit permettre tout à la fois d’accroître la production alimentaire, de protéger les forêts et de réduire les émissions de GES.
  • Les systèmes énergétiques alimentent la croissance dans toutes les économies. Une baisse des coûts rapide, particulièrement dans l’énergie éolienne et solaire, pourrait permettre aux énergies renouvelables et à d’autres sources d’énergie à faibles intensité de carbone de représenter plus de la moitié de la production totale d’électricité nouvelle dans les 15 prochaines années.
Les systèmes économiques critiques et trois moteurs clé de changement
Une croissance de haute qualité, inclusive et résiliente = une meilleure croissance
Source : BETTER GROWTH, BETTER CLIMATE : THE NEW CLIMATE ECONOMY REPORT, p. 39

Le rapport propose de mobiliser trois « moteurs de changement » pour surmonter les obstacles commerciaux, politiques et institutionnels à la croissance à faibles intensité de carbone :

  • L’accroissement de l’efficacité des ressources est au coeur de la croissance et de la réduction des émissions. Dans de nombreuses économies, les défaillances du marché et des politiques déforment l’allocation efficace des ressources et augmentent simultanément les émissions.Tandis que les subventions en faveur des énergies propres représentent environ 100 md$, les subventions en faveur des combustibles fossiles polluants sont aujourd’hui estimées à environ 600 md$ par an.
  • L’investissement dans les infrastructures constitue le fondement de la croissance économique moderne. Les innovations financières peuvent réduire les coûts de financement, potentiellement jusqu’à 20 % pour l’électricité à faible intensité de carbone.
  • Stimuler l’innovation dans les technologies, les business models et les pratiques sociales peuvent favoriser la croissance et la réduction des émissions. Pour contribuer à la création de la nouvelle vague de technologies économes en ressources et à faible intensité de carbone, les investissements publics en recherche et développement (R&D) dans le secteur de l’énergie doivent tripler, pour dépasser les 100 md$ par an d’ici le milieu des années 2020.

Le rapport propose un Plan d’Action Mondial de 10 recommandations clés. Retenons cette phrase de conclusion : « La richesse des éléments de preuve présentés par le rapport montre qu’il y a maintenant d’énormes possibilités d’action qui peuvent à la fois améliorer la croissance et réduire le risque climatique. »

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Quels résultats attendre de la COP 21 ?

Les informations partagées par un nombre croissant de personnes et d’acteurs, les menaces précises qui assombrissent l’horizon de l’humanité, les politiques et mesures connues pour éviter la catastrophe, la compatibilité avec la poursuite de progrès pour chacun des pays et pour les diverses populations, devraient logiquement conduire à trouver un accord global pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. C’est malheureusement sans compter les difficultés inhérentes aux négociations internationales sur le climat. Celles-ci se déroulent en application de la CCNUCC [27] . L’objectif espéré de la COP21 est d’aboutir à un accord contraignant applicable à partir de 2020.

Dans un exposé devant le conseil scientifique de la Fondation Nicolas Hulot, François GEMENNE [28] a suggéré que le réalisme impose une vision cynique qui confronte la réalité de la situation du monde et des discussions internationales à l’anticipation de la catastrophe.
Or la situation du monde oblige à constater que, dans l’héritage de Kyoto, il y a des obstacles à la négociation :

  • Le temps de réaction du climat, environ 50 ans favorise la procrastination,
  • Aucune relation n’existe entre les émissions d’un pays et les conséquences qu’il risque de subir puisque ces conséquences dépendent de la somme des émissions et non de celles de chaque pays, dès lors il faut que les négociateurs soient altruistes ou cosmopolites,
  • Beaucoup de personnes, d’acteurs et de pays ont intérêt à ce qu’il ne se passe rien : il y a encore beaucoup de sceptiques sur la réalité du réchauffement climatique ou de son origine humaine ; 8 sur 10 des plus grandes entreprises mondiales ont des activités liées au pétrole et auront des problèmes avec les mesures pour réduire les émissions de GES.

La négociation doit trancher plusieurs dilemmes :

  • Entre ambition de l’accord et importance de la participation des parties prenantes, le choix est stratégique. L’accord de Kyoto était relativement ambitieux comme premier accord contraignant, mais il n’engageait réellement qu’un nombre restreint de pays.
  • Entre coopération et coordination. L’une demande un accord mis en œuvre par chacun des pays. L’autre laisse l’initiative aux États et examine ensuite à quoi conduit la somme des engagements. Le pilotage n’est pas de même nature et rend le second moyen beaucoup moins à même d’aboutir à un objectif mondial prédéfini et ambitieux.
  • Entre la remise en question par beaucoup des instruments développés pour le protocole de Kyoto et leur prolongation qui serait efficace, comment trancher ?
  • Entre responsabilité et capacité, deux notions qui trouvent place dans la CCNUCC, comment répartir les efforts de chacun ?

Le mode de négociation ajoute ses propres difficultés :

  • Défaut de représentation : Les négociateurs sont les États. Or la capacité à réduire les émissions est largement entre les mains des gouvernements locaux (collectivités) et des entreprises qui ne sont pas représentées dans les discussions.
  • Report des délais : Avec Durban et l’abandon d’une suite immédiate au Protocole de Kyoto on a perdu 9 ans en renvoyant la mise en œuvre d’un nouvel accord contraignant à 2020.
  • Risque d’isolation : Les gens ne comprennent rien à ces discussions technico-diplomatiques. il y a donc un déficit démocratique.
  • Restriction du sujet à l’environnement : on présente généralement ce sujet comme un sujet d’environnement alors qu’il s’agit rien moins que de remettre en cause des fondements sur lesquelles nos sociétés s’appuient aujourd’hui.

Face à l’énormité des enjeux, le mode de discussion, prisonnier de ses limites, est, d’une certaine manière, devenu routinier. Une rupture s’impose dans la négociation. On comprend dès lors que des moyens diplomatiques particulièrement importants soient mobilisés par le Président de la République et le Gouvernement pour simplement espérer des résultats dans une négociation qui, in fine, échappera aux autorités françaises.

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Comment bâtir un futur climatique ?

Les mauvais souvenirs sont encore dans les mémoires. Ce sont ceux de la COP 15 en 2009 à Copenhague, ceux d’un ratage, au moins pour qui attendaient un accord ambitieux sur la base d’un accord juridiquement contraignant de réduction des émissions de GES de 50 % d’ici 2050. Les ONG, notamment dans les vieux pays industrialisés, avaient mobilisé les opinions publiques en préparation. Pour tous ceux qui y croyaient (et j’en étais), pour tous ceux qui s’étaient mobilisés depuis des mois, pour tous ceux qui avaient lancé un “ultimatum climatique” aux dirigeants de la planète et qui attendaient une sorte de “big bang” écologique à Copenhague, le résultat de la conférence de l’ONU est une immense déception écrivait Alain Juppé sur son blog.
Même si l’accord de 2009 affirme la nécessité de limiter le réchauffement planétaire à 2°C par rapport à l’ère préindustrielle, valide les travaux du GIEC comme référence scientifique, le texte qui ne comporte aucun engagement chiffré de réduction des émissions, signe l’échec de la méthode de coordination. L’Europe défendait des objectifs ambitieux qu’elle n’a pas su, pas pu, faire partager. Elle a été marginalisée face à une coalition qui témoigne de la répartition du pouvoir politique dans le monde d’aujourd’hui : les Etats-Unis, la Chine, l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud. C’est apparu crûment, sur des questions de l’ampleur de celles du climat, sans un accord préalable entre la Chine et les Etats-Unis – le fameux G2 –, il ne se passe pas grand-chose.

Dont acte ! :

  • Méthode de coopération ;
  • Accord USA — Chine préalable ;
  • Donner des gages aux pays en développement ;
  • Remettre la négociation au niveau politique pour des raisons de justice.

Méthode de coopération
Contributions nationales : La COP19 de Varsovie a créé, en 2013, un nouveau cadre d’engagement : les « intended nationally-determined contributions » (dites « iNDC »), qui sont les contributions dans lesquelles chaque Etat devra préciser les efforts qu’il estime souverainement pouvoir consentir. Les contributions doivent être annoncées dans des délais et dans des termes qui permettent, au secrétariat de la conférence d’en faire la somme et d’indiquer aux négociateurs l’écart à l’objectif 6 mois avant Paris.
La coopération, c’est aussi une invitation des acteurs lancée par Ban Ki-Moon en septembre 2014 à New York. L’agenda des solutions est un enjeu nouveau et central, qui rassemble les engagements et initiatives d’acteurs non étatiques (collectivités, ONG, entreprises) et met en avant la maturité de solutions économiques et technologiques. My positive impact, campagne lancée par la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme va dans ce sens. Elle propose de donner le pouvoir à ceux qui ont les solutions pour le climat.

Accord USA — Chine

Dès 2011, Jean-Paul Maréchal soulignait que l’avenir du climat est en quelque sorte pris en otage par les deux plus grandes puissances économiques de la planète [29] [30]. Le 12 novembre 2014, la Chine et les USA ont rendu public un accord pour réduire leurs émissions de GES. La Chine (émissions de près de 10 milliards de tonnes de CO2 en 2013) s’est fixé d’atteindre un pic d’émission autour de 2030 et avant si possible. Les USA (5,2 milliards de tonnes) promettent une réduction de 26 à 28 % de leurs émissions d’ici 2025 par rapport à 2005. Beaucoup voient le verre plutôt vide [31]. En fait, compte tenu de l’expérience passée, nous n’avons pas d’autre choix que de le voir à moitié plein.

Donner des gages
Le Fond vert pour le climat
Dans le cadre de l’accord adopté à Copenhague en 2009, puis durant la COP16 à Cancun en 2010, les pays développés se sont engagés conjointement à mobiliser 100 milliards milliards de dollars par an d’ici à 2020 en faveur d’actions d’atténuation et d’adaptation des pays en développement, à partir de diverses sources, publiques et privées, bilatérales et multilatérales, y compris d’autres sources de financement, et ce dans le contexte de mesures d’atténuation concrètes et d’une mise en œuvre transparente. Ils ont également décidé de la création du Fonds vert. Il n’atteint aujourd’hui qu’une dizaine de milliards de dollars. En contexte de crise économique, les États auront des difficultés à lever les sommes promises. Et pourtant elles sont déterminantes pour l’adhésion des pays pauvres, souffrant déjà du réchauffement. D’où les discussions actuelles pour alimenter ces fonds par des ressources privées et des prélèvements affectés comme une taxe sur les transactions financières. Des engagements tangibles sur ce point sont une condition essentielle pour l’aboutissement à un accord.

Remettre la négociation au niveau politique pour des raisons de justice
C’est ce à quoi œuvre notamment la diplomatie française avec la multiplication des rencontres à haut niveau. C’est ce à quoi s’attache aussi Nicolas Hulot, en mobilisant les leaders d’opinion ou les chefs spirituels dans différents pays [32]. C’est le sens qu’il faut donner au déplacement du Président de la République aux Philippines, pays pauvre ravagé par un typhon le 7 décembre 2014 comme le Vanuatu le 14 mars 2015.

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[1Le Sénat admet le changement climatique mais disculpe l’Homme. Les 100 sénateurs américains à majorité républicains ont reconnu la réalité du changement climatique lors d’un vote hautement symbolique mercredi 21 janvier 2015. Mais, les républicains ont refusé d’en tenir l’Homme pour responsable, dans un second vote qui illustre la controverse partisane sur le sujet. Si la première résolution soumise par les démocrates a été adoptée par 98 voix contre une (le sénateur républicain du Mississippi, Roger Wicker), la seconde a été rejetée, avec 49 « non » des 54 élus républicains. Les républicains désormais majoritaires au Congrès s’opposent aux propositions du président Barack Obama pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, affirmant qu’elles nuiraient à la compétitivité des entreprises américaines. (Contribution : Paul Mathis)

[2L’accord de Copenhague, article 2 : Nous nous accordons à penser qu’une forte diminution des émissions mondiales s’avère indispensable selon les données scientifiques et comme l’a établi le quatrième rapport d’évaluation du GIEC, en vue de réduire ces émissions pour que la hausse de la température de la planète reste inférieure à 2 °C, et entendons prendre, pour atteindre cet objectif, des mesures cadrant avec les données scientifiques et fondées sur l’équité.

[3Changement climatique : des solutions existent, selon 9 Français sur 10
Le Monde.fr | 10.02.2015

[9GES : gaz à effet de serre. Le résumé pour les décideurs du volume 1 du rapport d’évaluation n° 5 de 2013 du GIEC précise (p. 13) Les substances et processus naturels et anthropiques qui modifient le bilan énergétique de la Terre sont des facteurs qui provoquent le changement climatique. Le forçage radiatif quantifie (en W par m2) le changement des flux énergétiques dû à l’évolution de ces facteurs en 2011 relativement à 1750. [...] Le forçage radiatif total est positif et a conduit à une absorption nette d’énergie par le système climatique. La plus grande contribution à ce forçage radiatif provient de l’augmentation de la teneur de l’atmosphère en CO2 depuis 1750. Les autres gaz à effet de serre par ordre décroissant de contribution au forçage radiatif sont le méthane (CH4), les hydrocarbures halogénés, et le protoxyde d’azote.

[10Les scénarios RCP (pour Representative Concentration Pathway) sont quatre scénarios relatifs à l’évolution de la concentration en gaz à effet de serre au cours du XXIe siècle, établis par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) pour son cinquième rapport, AR5 (5th Assessment Report) — Wikipédia. Le chiffre de chacun des quatre scénarios RCP du rapport AR5 fait référence au niveau de forçage radiatif en 2100 mesuré en W/m2.

[11Appelé RCP8,5 dans la terminologie du GIEC dans son 5e rapport d’évaluation

[123 200 milliards de tonnes de CO2 ou d’équivalent en gaz à effet de serre

[13Un enjeu essentiel des négociations concernant le climat est précisément la répartition de ces émissions (et surtout des restrictions d’émission) à venir entre pays.

[14De cette considération, il résulte également que les actifs financiers sur les ressources minières correspondantes (mines de charbon, puits de pétrole, concession d’exploitation de champs gaziers, etc.) ou sur les activités industrielles qui en dépendent directement (production d’électricité à partir du charbon, pétrochimie, productions à partir du gaz naturel, etc.) sont sous la menace de risques sur lesquels le gouverneur de la Banque d’Angleterre et président du Conseil de stabilité financière (FSB, mis en place par le G20 pour évaluer les risques auxquels fait face le secteur financier), Mark Carney, a attiré l’attention en septembre 2015 à Londres, devant un parterre d’assureurs, en rendant public un rapport de son Autorité de régulation prudentielle. Celui-ci reconnaît explicitement l’existence d’un risque carbone lié au changement climatique. Le gouverneur pointe trois risques : le risque physique lié aux catastrophes naturelles, le risque de responsabilité (surcroît de poursuites contre les sociétés qui n’agiraient pas pour atténuer le changement climatique) et le risque lié à la transition vers une économie plus sobre en carbone. Le "changement de valorisation des actifs financiers intensifs en carbone” pourraient les transformer en “actifs échoués” ou “stranded assets”.. RISQUE CARBONE : "L’EXPOSITION DES INVESTISSEURS BRITANNIQUES EST POTENTIELLEMENT GIGANTESQUE"

[15Les bioéconomistes s’intéressent tout particulièrement aux utilisations de la biomasse et des substitutions qu’elle peut apporter aux utilisations des énergies fossiles.

[16Mds$ = milliards de dollars américains

[17On comprend l’appel des ONG environnementales pour supprimer les aides et les garanties publiques à l’exportation de centrales à charbon.

[18AIE = Agence Internationale de l’Energie = IEA en Anglais

[19PIB : produit intérieur brut

[20Nicholas Stern, né le 22 avril 1946 est un économiste britannique. Ancien vice-président senior de la Banque mondiale de 2000 à 2003, il est surtout connu pour le rapport Stern sur l’économie du changement climatique publié le 30 octobre 2006. Wikipédia

[22Notamment : Kenneth Arrow, James Mirrlees, Amartya Sen, Joseph Stiglitz et Robert M. Solow

[231 000 millards de dollars américains

[24ppm : parties par million. La teneur en CO2 de l’atmosphère avant l’ère industrielle était de 280 ppm. Elle a franchi les 400 ppm en 2013

[25The new climate economy est le site des travaux de cette commission

[26Le rapport conclut que tous les pays, quel que soit leur niveau de revenus, ont dès à présent l’occasion de construire une croissance économique durable tout en réduisant les immenses risques du changement climatique.

[27CCNUCC : Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, ou en anglais UNFCCC, signée en 1992 à l’occasion du Sommet de la Terre à Rio. Chaque année se déroule une conférence des parties signataires de la convention (Conference of the parties en anglais) pour acter les avancées dans sa mise en œuvre. La COP15 s’est tenue à Copenhague en 2009 et a laissé un mauvais souvenir à ceux qui en espéraient des engagements pour succéder à l’accord de Kyoto. La COP21 se tiendra à Paris (Le Bourget) en décembre 2015.

[28François Gemenne est chercheur en science politique à l’université de Liège (CEDEM) et à l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (CEARC). Il est expert associé au CERI.

[29Jean-Paul Marechal - CHINE/USA : le climat en jeu - Éditions Choiseul (2011), 114 pages

[30Voir également sur ce site La Chine, réveil d’une puissance et en particulier le rappel par Jean-Paul Maréchal de la citation de Chris Pattern

[31C’est le cas notamment d’une analyse de France Stratégie dans un document de travail publié le 25 février 2015, Politique énergétique et climatique européenne : l’heure du changement - Par Dieter Helm : « La Chine a annoncé qu’elle n’entend plafonner ses émissions de CO2 qu’après 2030, quand ces dernières auront quoi qu’il en soit probablement atteint leur plus haut niveau, avec une valeur bien plus importante après quinze nouvelles années d’augmentation. »

[32L’entretien avec Nicolas Hulot dans l’Express N° 3323 du 11 au 17 mars 2015 apporte des compléments intéressants. Nicolas Hulot : "La 21e conférence sur le climat est une partie de poker"

Messages

  • Quelques remarques sur ton article :
    1- le graphique "double bénéfice..." n’est pas clair. A ta place, j’essayerai de le transformer
    2-Il me semble que tu pourrais être plus ferme : la position des gouvernements "pas plus de 2°" n’est pas tenable ; ils ont été mal conseillés et s’obstinent à répéter un slogan. Déjà, à la fin des années 80, les calculs de Boulder affichaient entre 3 et 6° en un siècle... Faire semblant de croire que les gouvernements vont pouvoir juguler les émissions de CO2 et limiter à 2° l’accroissement de température est de moins en moins crédible. En plus, ça se termine régulièrement par une discussion de marchands de tapis entre les pays dits "en développement" et les autres, ce qui ne mène à rien.
    3-La posture raisonnable est sans doute celle du rapport anglais que tu cites : organiser les migrations ; mais il faut être clair : ça concerne la Sibérie et le Canada, terres d’accueil, et il faudrait ajouter la nécessité d’une politique mondiale de l’eau (pour laquelle, nous autres français, avons une expérience : les agences de bassin)

    Voir en ligne : http://2100.org

    • Merci Thierry pour ce commentaire. Sans doute as-tu raison. Mais, on sait aussi que la raison qui montre l’échec ou la catastrophe n’est pas la plus mobilisatrice. Or la mobilisation et les efforts de tous sont nécessaires car il reste des marges effectives et des possibilités d’agir pour éviter le pire qui serait la simple poursuite de la tendance actuelle.
      J’essaierai d’améliorer le commentaire du graphique "double bénéfice", car comme tu l’as compris, les graphiques proviennent pour l’essentiel des travaux du GIEC. Peut-être faut-il le supprimer (c’est pourtant un des plus simples).

  • Merci pour ce texte bien construit et auquel j’adhère presque totalement. Trois petites remarques :
    — André-Jean sous-estime peut-être les forces de résistance, en particulier aux USA, aux analyses du GIEC et à la volonté de diminuer les émissions de CO2.
    — En France, les GES émis par l’agriculture (méthane et N2O) sont très importants. En est-il de même au niveau mondial ? Que faire ?
    — dans le texte, on lit :
    en détaillant :
    la majeure partie des énormes réserves de charbon en Chine, en Russie et aux États-Unis,
    l’équivalent de 260 000 millions barils de pétrole (ce qui représente les réserves de pétrole détenus par l’Arabie saoudite),
    60% des réserves de gaz dont dispose le Moyen-Orient,
    les ressources éventuelle de l’Arctique et toute autre source de pétrole non conventionnel.
    S’agit-il de l’une ou l’autre de ces réserves ou de leur somme ?

    • Merci Paul pour ton commentaire.
       Oui tu as raison d’insister sur les forces de résistance, notamment dans le monde anglo-saxon. Quand j’aurai le temps, j’essaierai d’ajouter une partie sur les apports des derniers travaux sous la direction de Stern qui vise notamment à montrer qu’une stratégie de lutte contre le réchauffement climatique par l’investissement est compatible et même cohérente avec une vision libérale de l’économie.
       Oui en France les émissions de GES par l’agriculture (méthane surtout et N2O) sont importantes (environ 20 % de mémoire), mais elle n’ont pas une part bien moins grande dans le monde. Cela tient, notamment, à une part relativement plus faible des émissions liées aux énergies fossiles en France (du fait du nucléaire) comme dans le monde (du fait d’une consommation d’énergie fossile par habitant toujours plus faible que dans les pays riches.) Je ne sais pas si j’aurai la place de documenter plus précisément ce point. Il le mériterait pourtant... si tu veux le faire ...
       C’est bien la somme de toutes ces réserves qui devrait rester sous terre si l’on veux suivre une trajectoire compatible avec les 2°C pour la fin du siècle. Laisser le pot de confiture presque plein au frigo ! L’étude mentionnée dans l’article indique : « Our results suggest that, globally, a third of oil reserves, half of gas reserves and over 80 per cent of current coal reserves should remain unused from 2010 to 2050 in order to meet the target of 2 °C. We show that development of resources in the Arctic and any increase in unconventional oil production are incommensurate with efforts to limit average global warming to 2 °C. Our results show that policy makers’ instincts to exploit rapidly and completely their territorial fossil fuels are, in aggregate, inconsistent with their commitments to this temperature limit. Implementation of this policy commitment would also render unnecessary continued substantial expenditure on fossil fuel exploration, because any new discoveries could not lead to increased aggregate production. »

  • Bonne analyse
    Il faut vite passer aux solutions
    Les chiffres d’investissement sur les différentes énergies que tu cites sont majeures
    Il faudrait mentionner la source de ces chiffres et disposer éventuellement de leur évolution depuis avant la crise de 2008
    Les investissements dans les ENR depuis 2007 ne sont pas ridicules par rapport aux investissements dans les énergies fossiles mais clairement insuffisants
    Malheureusement le prix du CO2 et le prix du brut ne vont pas les encourager
    La problématique se résume à ce dilemme de savoir comment favoriser les investissements dans les ENR mais aussi dans les vecteurs énergétiques pour permettre à la fois ce basculement vers les ENR et l’efficacité énergétique. Le VE, extension du vecteur électricité, est par exemple l’archétype du parfait outil, du bras de levier qui permet ce double basculement ; mais il n’est pas le seul : il y en a d’autres comme par exemple une meilleure architecture voire une hybridation des systèmes énergétiques entre eux pour imaginer et créer de fortes synergies . Si la politique menée pour faire croitre le prix du CO2 se révèle comme c’est le cas être un échec, ce serait une erreur de poursuivre dans ce sens. Il vaudrait mieux vite passer à une forme affirmée et consensuelle de régulation et de réglementation : celles qui ont déjà été mises en place se sont révélées être des succès pour provoquer une transition rapide voire une rupture (abolition des ampoules à filament, baisse du taux d’émission des voitures,...)
    La solution rapide viendra du monde de la finance lorsque la compréhension sera partagée qu’il y a plus de profit à gagner en investissant dans le nouveau paradigme plutôt que dans l’ancien. Il s’agira alors d’un basculement massif des investissements. Ce mouvement est déjà visible chez les financiers éclairés (il faudrait trouver le bon indicateur qui le montre)
    Une réglementation, habile, ciblée et anticipatrice par rapport à sa date d’exécution, devrait déclencher et accélérer ce basculement.
    C’est à mon sens ce que la CoP 21 devrait investiguer et proposer aux nations avec à la clé un mode de financement pour accompagner ces nouvelles réglementations et ce basculement généralisé.
    Il ne faut plus se tromper de méthodes.
    Dominique Chauvin
    Prospectiviste
    01 Février 2015

  • André-Jean, bonjour
    Je vais adopter le tutoiement qui semble implicite sur ce site, et aussi chez nous à taca (agir pour le climat, voir notre site taca.asso.fr).
    C’est grâce à la revue de presse de FNH que je decouvre cet article, et je suis impressionné par la qualité et la quantité des references pour traiter le sujet il est vrai vaste du climat.
    Je partage l’essentiel de cette analyse et aussi les conclusions sur la situation actuelle de la negociation. Le problème que nous avons avec le climat est gigantesque et remet en cause les fondements du développement de nos sociétés.
    Par rapport à ce constat, taca prend le risque de simplifier l’analyse pour en dégager les éléments prioritaires et donc les solutions prioritaires.
    Je serais tres interessé à ce que tu prennes le temps de verifier l’argumentaire de taca et m’indiquer ce qui te parait convaincant et ce qui te parait plus discutable voire douteux.
    Le réchauffement climatique est provoqué (uniquement) par nos émissions de gaz à effet de serre (voir schéma SPM3 du rapport de synthèse du GIEC du 5e rapport, que je peux te transmettre par ailleurs).
    Il s’agit donc de reduire ces émissions.
    Mais ces émissions quelles sont elles, qui les contrôlent ? En fait ces émissions sont essentiellement controlées par les consommateurs (tribune dans Sud-Ouest).
    Le Signal Prix Carbone est LE moyen pour faire changer les consommateurs (et aussi les entreprises) vers une société qui diviserait par 2 voire plus ensuite nos émissions de carbone.
    Si les discussions qui durent depuis si longtemps sur le climat n’ont aucun résultat (les émissions continuent d’augmenter) c’est parce que l’économie n’integre pas la contrainte climatique. Tant que ça coutera plus cher d’emettre du carbone que de ne pas en emettre, on continuera à en émettre.
    Je pense que l’essentiel est dit.
    Notre site web, qui consolide plus de 7 ans d’experience sur le sujet, explicite les differents points qui fondent ce résumé.
    Je serais tres heureux de lire tes commentaires et conseils et de voir comment on pourrait travailler ensemble dans cette année 2015 qui pourrait etre decisive.
    Bien cordialement.

    • Bonjour Jean, et merci pour ton commentaire.
      J’ai rapidement survolé le site de taca. Il est fort riche, non seulement d’informations précises, mais également précieuses pour qui veut agir et modifier son empreinte carbone. Il ajoute bien des illustrations d’actions et d’interventions pour expliquer, convaincre, faire partager. Bravo donc si je puis me permettre. Il me faudra un peu plus de temps pour mieux le parcourir.

      Oui, la première des conclusions de travaux scientifiques rassemblés par le GIEC est bien : il y a réchauffement des températures du globe, ce réchauffement est du pour l’essentiel à l’augmentation des concentrations en gaz à effet de serre dans l’atmosphère, et cette augmentation des GES provient des activités humaines au premier rang desquelles la combustion du carbone fossile (charbon, pétrole, gaz).

      Je partage aussi ton analyse, les émissions de GES sont dues à nos consommations et à nos modes de vie. En revanche il serait trop court d’en attribuer la responsabilité directe aux seuls consommateurs. Les autres acteurs comme les entreprises ou les administrations publiques (entre autre les collectivités territoriales) détiennent également des leviers pour agir.

      Plaidant en faveur d’un Signal Prix Carbone, tu prêches un convaincu. Je suis également convaincu que sans un tel signal, et à un niveau suffisant, aucune autre mesure ne sera suffisante. Car il s’agit de mobiliser tous les acteurs. Ceci étant, d’autres actions ont leur efficacité, je pense notamment aux réglementations thermiques prises dans chaque État à la suite des législations européennes ou bien encore aux directives sur l’éco-conception des produits à impact sur les consommations électriques et énergétiques.
      Une remarque aussi ressort de l’expérience européenne : le fait d’introduire un prix du carbone, même insuffisant, pour les grands émetteurs européens (régime ETS), en a encouragé certains à se délocaliser (analyse de l’Agence européenne de l’environnement) plus rapidement que ce qu’ils auraient fait sans cela avec les conséquences en matière d’importation et d’emploi. Sur ce plan, il est intéressant d’observer que les émissions de GES de l’Europe ont diminué par référence à 1990 mais son empreinte carbone a augmenté (c’est vrai aussi pour la France). Alors oui pour un prix du carbone, mais oui aussi pour une généralisation à tous les pays ou bien à une compensation aux frontières extérieures de l’Europe.

      Enfin, comme tu as pu le voir, mon blog est celui d’un simple amateur. Je travaille avec la Fondation Nicolas Hulot dont tu reçois la revue de presse. Tu ne manqueras pas de voir donc prochainement la campagne que celle-ci va lancer pour accompagner une mobilisation de l’opinion en faveur du climat. Je te suggère de suivre son site et de voir comment taca peut signaler ses propres initiatives à cette occasion.

      Bien cordialement.

  • Comment ne pas approuver la démarche ?
    Nous avons déjà, à Forêt méditerranéenne et à l’Association internationale forêts méditerranéennes, réfléchi sur les effets à prévoir des changements climatiques à venir ;
    Certes , il ne s’agit que des régions méditerranéennes, française et internationale.
    Mais, dans notre cas, que faire ? Ce dont nous sommes surs, c’est que les solutions d’adaptation ne pallieront pas les questions de lutte dépassant les limites géographiques et la seule question fotrestière. Mais par ailleurs, il se pourrait bien que de fausses bonne idées se répandent faute d’une réflexion adaptée aux conditions des climats méditerranéens.
    La forêt méditerranéenne pourrait bien ne pas être un si bon capteur de carbone que d’autres forêts en ce sens qu’elle a besoin d’eau en été et que quelquefois, par manque d’eau, elle restitue des feuilles et des rameaux, donc du carbone...
    Une réflexion conséquente, pour la France comme pour la Méditerranée, nécessiterait une approche spécifiée.
    Ne doit-on pas craindre que dans l’enthousiasme de la conférence de Paris, une fois de plus, on endosse le manteau mondial , les tropiques, le perma frost, etc.. en négligeant le Bassin méditerranéen ?
    Bien à toi.
    Jean

    • Salut à toi, Jean,
      Et merci pour ce rappel.
      Oui, à l’intérieur d’un mouvement d’ensemble, il y a toujours des zones où tout ne s’écoule pas dans le même sens. Et effectivement un réchauffement et une sécheresse accrue en été dans le pourtour méditerranéen pourrait bien conduire à un accroissement des relargages de carbone par des sols déjà maigres.
      Quant à l’enthousiasme concernant la conférence de Paris, il s’agit plutôt de la perception d’une volonté de ne pas lâcher, alors même que les éléments d’analyse y pousseraient. Même une fois conscient que l’on se dirige trop vite vers le mur, il ne faut pas renoncer à freiner car entrer en collision à 40 km/h reste préférable que de s’éclater à 120 ! N’est-ce pas ?
      Amitiés.

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